Au Liban, l’impact durable de la guerre civile (1975-1990) est palpable dans les années de violence qui ont suivi, se déroulant à la fois dans la vie publique et privée. Cependant, le passé n’est pas discuté ou critiqué ouvertement, mais plutôt politisé en public et murmuré en privé, jetant une ombre sinistre et persistante sur le présent.

“Maabar” est né d’une profonde curiosité et d’un engagement à aller au-delà des récits politiques superficiels proposés par les différents partis, et à rechercher une compréhension plus complète et multi perspectiviste du passé moderne du Liban, et par la même occasion, de son présent.

Nous avons commencé notre parcours en mettant l’accent sur la période de la guerre civile. Cependant, au cours de la recherche et de la production de la première saison, notre curiosité a augmenté. Pour parvenir à une compréhension significative de notre situation actuelle, nous sommes convaincus que nous devons regarder au-delà de la période de la guerre civile et comprendre les relations complexes à travers le temps.

Maabar a l’intention d’explorer l’histoire du Liban par segments de 15 ans, depuis la période immédiate d’avant-guerre de 1960 à 1975 jusqu’aux années les plus récentes de la période d’après-guerre jusqu’en 2020. Chaque période sera encapsulée dans une saison autonome, organisée autour des thèmes prédominants qui émergent. Initialement, chaque saison présentera un ensemble cohérent de travaux publiés simultanément, et avec le temps, nous ajouterons des épisodes supplémentaires à la collection.

Produit sous format de podcast réunissant des éléments d’histoire orale et de documentaire, cette initiative implique non seulement l’examen des événements historiques, mais plonge également profondément dans les expériences, les émotions et les subtilités des individus ayant vécu le passé. 

Nous menons des entretiens d’histoire orale focalisés sur une période particulière, en gardant à l’esprit des sujets spécifiques. Nous permettons aux narrateurs et à leurs histoires de nous guider vers ce qu’ils estiment important dans l’histoire. À partir de cela, nous extrayons des thèmes communs pour construire les épisodes. En utilisant les avantages du format audio, en ne voyant pas les narrateurs et en éliminant les indicateurs de leur origine et de leurs affiliations politiques éventuelles, l’auditeur est invité à se concentrer simplement sur la compréhension de ce que les gens ont vécu et peut constater que ces expériences sont souvent partagées au-delà des lignes de conflit.

Maabar vise à offrir un espace où l’indicible, le ressenti et le vécu peuvent être partagés, entendus et compris par un public plus large. En même temps, il explore non seulement le passé, mais éclaire également les schémas sociaux et politiques, les traumatismes collectifs qui ont insensiblement défini les dynamiques avec lesquelles nous nous relions les uns aux autres depuis la guerre.